OM : les multiples tacles de John Textor à l'encontre de Pablo Longoria

Dans une interview accordée à L'Équipe, John Textor, président du club de Lyon, exprime ses inquiétudes concernant la gouvernance de la Ligue de Football Professionnel (LFP) et appelle à une réforme immédiate pour plus de transparence. Il critique le manque d'équité dans la prise de décisions, notamment lors de la visioconférence du 14 juillet 2024, au cours de laquelle il a observé un déséquilibre de pouvoir flagrant. Textor déplore l'influence disproportionnée de Nasser al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain (PSG) et de beIN Sports, qu'il accuse de conflits d'intérêts non divulgués. Selon lui, cette situation empêche un véritable dialogue au sein du conseil d'administration de la LFP, où les décisions semblent déjà arrêtées avant même les discussions.

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Textor revendique une représentation équitable de chaque club de Ligue 1 au conseil d'administration pour éviter des prises de décision biaisées. Il insiste sur l'importance de dévoiler et de gérer tous les conflits d'intérêts afin de garantir une gouvernance plus transparente. Prenant exemple sur la Premier League anglaise, il propose d'adopter des règles similaires pour atténuer l'influence de certaines figures de pouvoir. Textor se montre particulièrement critique à l'égard de l'attitude autoritaire de Nasser al-Khelaïfi, qu'il accuse de mépriser les avis divergents, y compris le sien, malgré son expérience dans le domaine du streaming sportif avec FuboTV.

L'entrepreneur américain souligne que sa richesse et son expertise proviennent du développement de plateformes de streaming sportives intégrant divers contenus pour attirer un large public. Il juge donc inappropriée l'attitude d'al-Khelaïfi, qui a rejeté son avis lors de la réunion, en dénigrant ses compétences. Textor estime que chaque dirigeant de club a des idées à apporter pour le développement de la Ligue 1 et que personne ne devrait être exclu du débat. Pour lui, la domination d'al-Khelaïfi nuit à la diversité des points de vue et à la prise de décisions collectives, essentielles pour l'avenir du football français.

Mais John Textor critique également le silence des autres présidents de clubs concernant l'influence d'al-Khelaïfi. Il attribue ce mutisme à la dépendance de certains dirigeants vis-à-vis de la puissance politique et financière du président du PSG, notamment en raison de son rôle à l'ECA (Association européenne des clubs). Selon Textor, ces présidents préfèrent rester dans ses bonnes grâces pour sécuriser leurs propres positions, au détriment de l'équité dans la gouvernance de la Ligue 1. Il note également que beaucoup de présidents de clubs ne sont pas eux-mêmes propriétaires et recherchent avant tout des avantages personnels dans leurs relations avec al-Khelaïfi.

Il est alors légitime de se demander si ce n'est pas le portrait de Pablo Longoria, le président de l'OM, que le propriétaire de Lyon s'amuse à dresser : "Nous avons trop de présidents et trop de dirigeants qui estiment que leur carrière serait meilleure, personnellement, s'ils collaboraient avec 'NAK'. Beaucoup ne sont même pas propriétaires, donc ils voient de la valeur dans les postes de direction de la Ligue et les nominations à l'ECA. 'NAK' est le banquier qui détient la monnaie des nominations politiques, et il sait comment la dépenser à bon escient".

Pour rappel, Pablo Longoria, président délégué de l'OM alors que l'Américain Frank McCourt en est le propriétaire, est membre du conseil d'administration de la LFP depuis 2022. Nommé vice-président il y a quelques mois, il siège aux côtés de Jean-Pierre Caillot, président de Reims. Depuis septembre 2023, il a été élu au conseil d'administration de l'ECA, tout en intégrant le 5 décembre dernier un groupe de travail de la FIFA dédié au bien-être des joueurs.

Un peu plus loin dans l'interview, Textor revient sur les critiques concernant sa multipropriété, dénoncée par Pablo Longoria notamment dans Rothen s'enflamme sur RMC, où le président de l'OM affirmait que Lyon n'était pas la formation la mieux placée pour parler d'équité.

Textor rétorque : "Pourquoi le même groupe d'hommes collabore-t-il pour protester match par match contre le modèle économique de l'OL et auprès de la DNCG, alors qu'ils n'ont aucun problème avec les subventions d'État qui alimentent le déséquilibre en faveur du PSG ?"

Dans un entretien accordé à AS et paru également aujourd'hui, John Textor est encore plus direct concernant Pablo Longoria. Interrogé sur ses propos, il répond : "Je peux vous dire que la déclaration a été faite par un porte-parole du PSG, qui collabore très étroitement avec Olivier Létang à Lille, Damien Comolli à Toulouse, Caillot au Stade de Reims… Toutes ces personnes expriment les mêmes plaintes et agissent de manière inappropriée. Elles devraient veiller à l'intérêt général de la Ligue et ne devraient pas s'attaquer à Lyon".

Textor reconnaît que son langage provocateur, notamment en qualifiant Vincent Labrune de « toutou » d’al-Khelaïfi, a pu nuire à son message. Cependant, il justifie son choix de mots par sa déception face au manque de leadership de Labrune lors de la réunion. Textor reproche à Labrune d'avoir abandonné trop rapidement son projet de plateforme de streaming pour la Ligue 1, en cédant à la pression du président du PSG. Selon lui, la Ligue disposait des ressources financières nécessaires pour soutenir cette stratégie, mais elle a manqué l'opportunité de renforcer sa compétitivité sur le marché des droits télévisés.

Concernant le conflit entre la Ligue et DAZN, Textor se montre favorable à une collaboration avec cette plateforme de streaming. Il estime que la Ligue 1 doit respecter et soutenir DAZN pour maximiser son potentiel de croissance en termes d'abonnés. Pour lui, l'expérience utilisateur doit être améliorée afin d'accroître l'attractivité de la Ligue 1 sur le marché mondial. Textor insiste sur le fait que ses critiques visent à aider la Ligue à évoluer et non à la déstabiliser. Il défend l'idée que la disruption est nécessaire pour l'évolution du football français et appelle à une approche plus moderne et inclusive de la gouvernance.

Reste à savoir comment Pablo Longoria a pris la nouvelle de son côté.