OM-Nantes : à quoi faut-il s’attendre ?

Comment le FC Nantes aborde-t-il ce déplacement au Vélodrome ? L’équipe est-elle dans une dynamique positive ou y a-t-il des doutes en interne ?

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Maxime Buchot : Je pense que ce match sera un véritable test, surtout après la lourde défaite subie lors du dernier déplacement (7-1), la plus sévère de l’histoire du FC Nantes. Antoine Kombouaré l’a rappelé hier en conférence de presse : il a tout intérêt à faire mieux que lors du naufrage à Monaco, même si, selon ses propres mots, il serait difficile de faire pire. Son objectif est clair : créer l’exploit, un message qu’il a martelé à plusieurs reprises à son groupe cette semaine. La victoire de la semaine dernière a fait beaucoup de bien, aussi bien sur le plan comptable que mental. Elle permet aux Canaris de conserver une petite marge de sécurité sur la zone rouge. Ce sera donc intéressant d’observer l’attitude de l’équipe dans ce contexte. Nantes jouera avec un peu moins de pression dans la lutte pour le maintien, même si tout peut aller très vite. Il reste encore beaucoup de matchs, et le calendrier n’est pas simple, avec plusieurs confrontations contre des équipes du haut de tableau. Face aux "gros", Nantes a souvent adopté un bloc bas pour jouer en contre-attaque, une approche qui a parfois porté ses fruits, comme lors des matchs nuls obtenus contre Paris et Lille. Seule la lourde défaite à Monaco a terni ce bilan, mais elle s’explique aussi par l’expulsion rapide de Nicolas Cozza.

Les polémiques autour de Pablo Longoria et l’OM ont-elles eu un écho particulier à Nantes ? Comment ont été perçues les prises de parole de Waldemar Kita et d’Antoine Kombouaré à ce sujet ?

M.B : En réalité, tout a commencé la semaine dernière. Le match a débuté en zone mixte avec une question posée à Antoine Kombouaré sur la possible sanction de Pablo Longoria. Il y a répondu en tentant, d’une certaine manière, de mettre un peu de pression sur l’arbitrage pour cette rencontre. Cependant, la consigne a sans doute été donnée en interne de calmer le jeu cette semaine, déjà marquée par de nombreuses tensions. L’objectif du FC Nantes n’était clairement pas d’alimenter davantage cette polémique. Concernant les déclarations de Waldemar Kita, elles relèvent davantage d’une initiative personnelle. Le président nantais a l’habitude d’agir ainsi : lorsqu’il souhaite s’exprimer, il contacte directement certains journalistes, notamment ceux de L'Équipe. Cette fois encore, il a glissé quelques mots à la presse, mais sans véritable écho ni réaction particulière en interne.

L’arbitrage de Stéphanie Frappart sera scruté de près. Du côté nantais, y a-t-il une crainte d’un arbitrage sous pression au Vélodrome ?

M.B : Non, mais il a tout de même souligné qu’il fallait être vigilant. Kombouaré n’est pas spécialement un grand ami des arbitres, et il lui est déjà arrivé de s’emporter, lui aussi, par le passé, notamment avec François Letexier. 

Pour revenir au terrain, où en est l’effectif nantais ? Y a-t-il des absents importants (blessés, suspendus) ? Quels joueurs seront à surveiller côté nantais ?

M.B : L'absence la plus préjudiciable pour le FC Nantes reste celle de Nicolas Cozza, qui purgera son deuxième match de suspension après son carton rouge reçu à Monaco. Il a été remplacé de manière un peu inhabituelle le week-end dernier sur le côté gauche de la défense par Nicolas Pallois. Même si le coach a expliqué que c'était Moses Simon qui jouait piston, l'animation défensive des Canaris sur ce flanc gauche est restée assez floue, avec une certaine confusion entre Simon et Pallois. Ce poste risque d’être problématique pour Nantes, car il manque une véritable alternative. Le club n’a pas réussi à recruter un joueur à ce poste cet hiver, a perdu Jean-Kévin Duverne dans ce secteur et n’avait pas réellement remplacé Quentin Merlin à l’époque. Il manque donc un joueur capable de s’imposer à gauche. Reste à voir ce qu’Antoine Kombouaré décidera. Il a déjà tenté d’aligner le jeune Louis Leroux, mais avec le retour de Pedro Chirivella au milieu, il semble peu probable que Leroux soit repositionné à ce poste. Peut-être que le coach tentera de l’aligner arrière gauche, mais cela paraît risqué. Il pourrait aussi opter pour une défense à trois, même si l’incertitude persiste sur l’animation du côté gauche. Pour le reste, il n’y a pas d’absences majeures en dehors des forfaits déjà connus. Tino Kadewere est toujours éloigné des terrains depuis plusieurs mois, tout comme Nathan Zézé et le jeune Adel Mahamoud. Malgré cela, Kombouaré pourra compter sur un groupe relativement complet, notamment offensivement, avec la présence de Meschack Elia.

Tu m'as parlé de Quentin Merlin, j'aimerais avoir ton avis sur lui, car ici, à l'OM, surtout en ce moment, il est assez critiqué. Tu penses que la marche de l'OM est trop haute pour lui ?

M.B : C'est particulier pour Quentin Merlin, car lorsqu’on l’a suivi en formation, il n’évoluait pas en piston gauche, mais au milieu de terrain. Ce n’est pas un joueur particulièrement rapide, ce n’est pas là sa qualité première. En revanche, il compense avec une bonne qualité de centre. À Nantes, on lui reprochait surtout ses errements défensifs plutôt que son déchet offensif. Je ne sais pas si la marche a été trop haute pour lui, mais en tout cas, peut-être à ce poste-là. Comme je te le disais, ce repositionnement a d’abord été un choix contraint, puis il est devenu un choix de carrière, notamment en voyant que l’horizon était un peu bouché pour lui au milieu de terrain, notamment en sélection Espoirs. À titre personnel, je regrette toujours de ne pas le voir évoluer à son poste de prédilection, au milieu de terrain.

Quelle approche tactique Nantes pourrait-il adopter face à l’OM ? Plutôt une défense renforcée et du jeu en transition, ou une volonté d’aller chercher haut les Marseillais ?

M.B : Depuis la suspension de Cozza et la blessure de Nathan Zézé en défense, il met très souvent en place une défense à cinq, donc je pense que ce sera encore le cas. Contre Monaco, cela avait plutôt bien fonctionné dans les premières minutes. Après, jouer bas ne signifie pas ne pas être dangereux. Comme on le dit souvent avec Kombouaré, tu peux piquer très vite en contre. Il y aura des espaces face à une équipe comme Marseille, et je pense que le scénario ressemblera à celui du match contre Monaco. Nantes avait réalisé un excellent début de match avant que le carton rouge ne précipite sa chute. Mais lorsqu'ils sont efficaces en contre-attaque et en transition rapide, ils ont les joueurs pour faire mal, notamment Mathis Abline et Moses Simon. Je pense donc que Nantes adoptera cette approche. De toute façon, le ballon sera clairement laissé aux Marseillais, mais l'idée ne sera pas de les regarder jouer. Il faudra leur poser un maximum de problèmes en exploitant la profondeur.

Depuis Nantes, comment est perçu l’OM cette saison sous Roberto De Zerbi ? L’équipe fait-elle peur ?

M.B : Avant le match aller, j’ai envie de te dire que oui, il y avait une certaine crainte de jouer cette équipe de Marseille. Mais comme l’OM n’avait pas été sensationnel lors de cette première confrontation, avec beaucoup de possession mais finalement peu d’occasions franches, cette appréhension a pu s’atténuer. Je pense que les Nantais restent lucides : Marseille est le grand favori de ce match, et il est toujours très compliqué d’aller s’imposer au Vélodrome. En même temps, comme je te le disais, il y a une certaine confiance liée au fait d’avoir su résister face à de grosses équipes. C’est exactement le type de match qu’Antoine Kombouaré apprécie, et il l’a d’ailleurs répété en conférence de presse. Il n’y a donc pas de peur particulière, mais pas non plus d’ambition démesurée. Un match nul serait une très belle opération pour Nantes, notamment pour confirmer le bon résultat obtenu la semaine dernière. L’enjeu majeur sera surtout d’éviter une déroute comme face à Monaco, de se rassurer défensivement et de tenir le match à 11 contre 11.

Quelles sont les grosses faiblesses du FC Nantes dont l’OM pourrait profiter ?

M.B : Il y en a plusieurs, même pas mal. Déjà, Nantes a du mal à tenir un score, ce qui complique forcément la tâche pour gagner des matchs ou prendre des points. On l’a encore vu la semaine dernière : même à 2-0 et en supériorité numérique à 11 contre 10, ils ont réussi à concéder un but, ce qui a semé la panique en fin de match. Autre défaut, si l’équipe est menée rapidement au score, elle peut se retrouver contrainte de faire le jeu, ce qui n’est pas son point fort. Nantes préfère évoluer en contre-attaque, et face à une équipe comme l’OM, cela pourrait être un problème moindre, mais contre d’autres adversaires, cette difficulté à construire est un vrai handicap. Il y a aussi un vrai manque d’efficacité offensive. Comme je te le disais tout à l’heure, lors du match contre Monaco, Nantes menait rapidement 1-0. Mais avec plus de réalisme, le score aurait pu être de 3-0 et le match plié en dix minutes. Ils ont eu trois énormes occasions et n’ont pas su en profiter. Enfin, un très gros point faible : les coups de pied arrêtés. Nantes est probablement l’équipe qui a concédé le plus de buts dans ce domaine cette saison, peut-être à égalité avec Le Havre ou une autre équipe du bas de tableau. En plus de cela, ils sont aussi parmi les moins performants offensivement sur phases arrêtées. C’est un secteur de jeu qui pose problème des deux côtés du terrain. Il faudra donc être particulièrement vigilant contre l’OM. Cela peut être la clé du match pour l'OM honnêtement.